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- Create Date December 2, 2020
- Last Updated December 2, 2020
Boris Cyrulnik. – Je vous surveille depuis longtemps – il m’arrive même de vous lire – et j’ai l’impression que nous jouons un peu dans la même équipe mentale. Je suis ravi de trouver ici un collègue. Je vous vois en effet mettre votre nez partout et c’est exactement le reproche que l’on me fait. Je pense que sur le plan des idées, nous avons le choix. Soit nous décidons d’être spécialiste, une situation tout à fait confortable intellectuellement puisqu’il nous suffit d’accumuler de plus en plus d’informations sur un point de plus en plus précis : on finit alors, comme le dit le dogme, par tout savoir sur rien. Soit nous décidons d’être généraliste, c’est dire mettre notre nez, un peu à chaque fois, dans la physique, la chimie, la biologie, la médecine légale, la psychologie : on finit alors par n’être spécialiste en rien, mais on a la meilleure opinion sur la personne qui nous fait face et qu’on appelle l’homme. Ce sont deux attitudes, deux politiques du savoir
totalement différentes… En vous lisant, j’ai l’impression d’avoir trouvé une attitude mentale
portée vers l’homme.
Edgar Morin. – C’est juste, mais je repousse cette idée qu’il nous faut toujours et forcément nous situer dans l’alternative, ou bien être spécialiste et avoir un savoir pertinent, reconnu par les collègues, les universités et les institutions ; ou bien être généraliste et détenir un savoir absolument inconsistant. Il s’agit justement d’éviter cette alternative, ce qui est d’ailleurs le cas
dans la science écologique, par exemple. La compétence de l’écologue touche les modes de régulation et de dérèglement des différents éléments qui constituent un écosystème.
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